1995
les prémices
L’idée d’organiser un mouvement mondial de solidarité féministe a germé au sein de la FFQ à la suite de la Marche des femmes contre la pauvreté et la violence en 1995. À cette occasion, quelque 850 femmes marchent, pendant dix jours, à partir de Montréal, Longueuil et Rivière-du-Loup vers Québec. À leur arrivée à l’Assemblée nationale, le 4 juin 1995, les marcheuses sont accueillies par plus de 15 000 personnes.
L’évènement est nommé la Marche Du pain et des roses, dans une référence à la grève des 20 000 ouvrières de l’industrie du textile de la ville de Lawrence au Massachusetts en 1912. Les femmes réclament du pain, symbole de l’accès au travail et à de meilleures conditions économiques, alors que les roses font référence à une meilleure qualité de vie.
Cette mobilisation a permis d’obtenir des gains importants, dont une loi sur l’équité salariale, la perception automatique des pensions alimentaires, l’augmentation du salaire minimum et la mise en place de diverses mesures pour contrer la pauvreté.
C’est lors de la participation d’une délégation de femmes québécoises au forum mondial des ONG sur les femmes à Huuirou, forum parallèle de la IVe conférence mondiale de l’ONU à Beijing en Chine que l’idée d’organiser une marche mondiale des femmes en l’an 2000 voit le jour. Des femmes de partout marcheraient pour exiger des membres de l’ONU des gestes concrets pour contrer la pauvreté des femmes. Le projet est lancé.
2000
1re action internationale
À l’origine, la Marche mondiale des femmes est organisée pour dénoncer les politiques du Fonds monétaire international et pour exiger des pays membres de l’ONU des gestes concrets pour contrer la pauvreté. L’objectif des initiatrices est de réunir au moins une dizaine de pays autour de revendications communes.
2000 bonnes raisons de marcher. En 2000, entre le 8 mars, Journée internationale des femmes, et le 17 octobre, Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté, plus de 6 000 organisations non gouvernementales réparties dans 161 pays se mettent en marche dans leurs villages et villes. Elles portent ainsi les 17 revendications communes pour l’élimination de la pauvreté et de la violence, destinées à leurs décideurs. Ces revendications se déclinent également en version nationale dans la plupart des États.
Au Québec, on estime à 40 000 le nombre de personnes qui marchent dans leur région et qui participent au rassemblement national à Montréal le 14 octobre 2000. Il s’agit de la plus grosse manifestation féministe jamais tenue au Québec.
De plus, 5 084 546 signatures sont recueillies et remises lors du rassemblement à New York à la vice-secrétaire de l’ONU pour exiger des décideurs politiques et économiques un changement de cap afin de mettre un terme à la pauvreté et à toutes les formes de violence envers les femmes.
Malgré cette réussite extraordinaire et certains gains significatifs à l’international, au Québec, les résultats ne sont pas à la hauteur des attentes. Il y a quelques engagements de la part du gouvernement pour lutter contre la violence faite aux femmes, mais pratiquement aucun pour contrer la pauvreté.
2005
2e action internationale
Le mouvement se poursuit. En mars 2003 à New Dehli en Inde, les déléguées de toutes les régions du monde décident de réaliser une action mondiale. La Charte mondiale des femmes pour l’humanité sera rédigée. Ce document formule des propositions économiques, politiques, sociales et culturelles pour un monde plus égalitaire. La Charte repose sur cinq valeurs, soit l’égalité, la liberté, la solidarité, la justice et la paix, et sur 31 affirmations décrivant le monde que les femmes veulent construire.
Le 8 mars 2005 à Sao Paulo au Brésil commence le relais de la charte mondiale des femmes pour se terminer le 17 octobre à Ouagadougou au Burkina Faso. Cette charte circule dans 53 pays sur les 5 continents. Différentes actions sont organisées par des femmes pour la faire connaître aux autorités.
Tout au long de ce relais mondial, une courtepointe de Solidarité est constituée avec un morceau de tissu de chacun des pays. C’est dans la ville de Québec, le 7 mai 2005 que 15 000 personnes accueillent la Charte mondiale des femmes pour l’humanité.
2010
3e action internationale
C’est sous le thème Tant que toutes les femmes ne seront pas libres, nous serons en marche! que les femmes du monde entier se mobilisent en 2010. Les actions et les revendications s’articulent cette fois-ci autour de quatre grands champs d’action : le travail et l’autonomie économique des femmes, la violence envers les femmes, le bien commun, la souveraineté alimentaire et l’accès aux ressources, la paix et la démilitarisation, la solidarité avec les femmes autochtones.
Au Québec, au point culminant de cette mobilisation, le 17 octobre 2010, 10 000 personnes marchent dans les rues de Rimouski pour clôturer une semaine en faveur de l’égalité et des droits des femmes. Au même moment partout dans le monde, il y a des actions afin de témoigner de notre solidarité avec toutes les femmes. Ce succès confirme que dix ans après la première édition, la Marche est soutenue par un réseau mondial organisé.
2015
4e action internationale
Pour cette édition de la Marche mondiale des femmes, les femmes d’une cinquantaine de pays unissent encore une fois leurs forces. Comme auparavant, la Marche se met en action au Québec et à l’international le 8 mars.
Sous le thème Libérons nos corps, la Terre et nos territoires, l’approche retenue diffère de celles des autres éditions. Elle est basée sur une démarche d’éducation populaire. Plutôt que d’interpeller les décideurs, les militantes invitent les individus à se mobiliser avec elles pour s’opposer aux systèmes d’oppression et créer des rapports plus égalitaires entre les femmes et les hommes, entre les femmes elles-mêmes et entre les peuples.
Cela se traduit par une Caravane des résistances et solidarités féministes qui parcourt le Québec afin de mobiliser pour : lutter contre l’exploitation et la marchandisation du corps des femmes, s’opposer aux projets pétro-économiques des gouvernements canadiens et québécois, lutter pour le respect des territoires des communautés autochtones, exiger un développement respectueux de nos ressources et de l’environnement, lutter contre l’austérité imposée par le gouvernement Couillard.
Pour clore les actions au Québec, le 17 octobre 2015, 10 000 personnes font entendre leurs voix en parcourant les rues de Trois-Rivières.
2020
5e action internationale
Sous le thème Résistons pour vivre, marchons pour transformer, les actions se déroulent du 8 mars au 17 octobre 2020, où une grande marche est prévue à Terrebonne, dans Lanaudière.
Les 5 revendications de la MMF touchent les enjeux suivants : la lutte à la pauvreté, les violences faites aux femmes, l’urgence climatique, les droits des femmes migrantes, immigrantes et racisées, les violences faites aux femmes autochtones.
Depuis 2000, la base de la MMF est constituée de coordinations nationales dans plusieurs dizaines de pays, notamment au Québec avec la Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes (CQMMF).
Jusqu’en 2016, la CQMMF était sous le leadership de la Fédération des femmes du Québec, mais celle-ci a souhaité s’en départir, faute de ressources financières et humaines. Un comité de transition constitué de plusieurs groupes membres s’est alors formé pour réfléchir aux suites de cette concertation.
Résultat : en 2018, la CQMMF s’est constituée en Organisme sans but lucratif (OSBL). Elle regroupe des Tables régionales de groupes de femmes ou coalitions régionales de la Marche mondiale, des groupes et regroupements nationaux de groupes de femmes, des comités femmes de regroupements mixtes ou de syndicats nationaux (40 groupes membres).
Vie associative
Il y a deux à trois assemblées annuelles des membres. Entre ces assemblées, un comité de coordination formé de 10 représentantes de membres régionaux et nationaux gère l’organisme.
D’autres comités sont mis en place, particulièrement actifs en année d’actions internationales :
- Comité communications
- Comité solidarité internationale
- Comité financement
- Comité éducation populaire autonome féministe
- Comité action/mobilisation
En 2020, comme la CQMMF ne dispose pas de subvention récurrente, elle survit grâce aux dons de ses membres et allié.e.s, ainsi qu’aux contributions de fondations. Pour l’instant, une seule contractuelle à temps partiel prête main-forte aux militantes.